Un tour du monde pas comme les autres
Vous le savez ici, j’aime partager mes coups de cœur, mes inspirations et vous parler de choses qui m’ont profondément marquée ! Aujourd’hui, je souhaite partager avec vous cet interview d’un voyageur pas comme les autres…
L’idée de faire cet interview m’est venue un soir d’été, à la mi-août lorsque j’ai vu ce voyageur, blogueur que je suis depuis quelques temps déjà, déclarer la fin de son tour du monde. Un tour du monde qui aura duré 10 ANS ! Un voyage hors de commun, une aventure unique que j’ai voulu recueillir à travers quelques questions posées à celui qui depuis 2006 arpentait les routes de notre planète !
Voici Sandro avant et après son voyage. 3699 jours séparent ces deux photos.
« Pour ceux qui aiment les chiffres, sur 10 ans, 1 mois, 2 semaines et 3 jours de voyage, 70 pays ont été visités, d’après l’application Tripadvisor (oui, super référence…) j’ai traversé près de 800 villes, 2.206.117 Km de parcourus pour (seulement) 52% du monde visité. Sur cette même période, je suis passé par 16 jobs différents, 4 langues apprises (bon je perds mon chinois, et mon portugais n’en est qu’à ses premiers pas, mais quand même !). Seuls mes chaussures, en Inde 2007, et mon ordinateur, Équateur 2015, m’ont été dérobé. 6 paires de chaussures ont été utilisées, plus 4 paires de tongs (sur deux mois !) puis 5 paires de Crocs. 3 reflex sont passés entre mes mains, plus 5 autres appareils photo, qui ont produit (grâce à mon super doigt magique) plus de 9TO de photos et vidéos. 555 articles ont été écrits, mais bien plus à venir… »
Publication de la Page Fan TêtedeChat.com
L’interview de Sandro
1° Peux-tu te présenter en quelques lignes
Je m’appelle Sandro, sportif, curieux, et avec une (grosse) touche de « craziness »
2° Quand as-tu commencé ton tour du monde ? Que faisais-tu à cette époque ?
Le 19 juin 2006. À l’époque, je travaillais dans un casino de jeux. Cela me permettait d’avoir une vie confortable, assez de temps libre pour bien m’entrainer et bien sûr une stabilité pour pouvoir voyager. Mais cela ne me suffisait pas pour être heureux, il me manquait quelque chose…
3° Pour quelles raisons ce tour du monde d’une année s’est-il transformé en un voyage de 10 ans ?
Ce n’était pas un tour du monde d’une année, c’était du « sans date de retour » dès le début, mais il est vrai, que je ne pensais pas pouvoir dépasser les 2 ou 3 ans.
Alors pourquoi ? Parce-que c’était possible ! On nous a tellement rabâché, depuis tout petit, que sans travail fixe, sans argent, sans diplôme on ne peut rien faire …Et comme la plupart, j’ai fini par le croire. Mais c’est faux !
Je l’ai appris en cours de route, chaque année je me disais « mais…je peux faire une année de plus ! » Il y avait toujours des solutions, pas toujours faciles, mais possibles, et cela a duré 10 ans (un mois, deux semaines et trois jours).
4° As-tu rencontré des personnes en chemin qui ont bouleversé tous tes plans ?
Je n’avais pas de planning pour ce voyage, donc le « pas de plan » était LE seul plan de cette aventure. J’ai rencontré des gens qui m’ont amené à prendre ce chemin plutôt que celui-ci, mais pour être franc, c’était pratiquement le cas tout au long de ce voyage. À 95% les rencontres ont été le fil conducteur de mon trajet. En revanche, j’ai rencontré des personnes qui ont bouleversé non pas mes plans, mais …ma vie…
5° Comment tes proches ont vécu ton absence pendant ces années ?
Mal. J’exagère un peu, mais quand tu me demandes « tes proches » je pense à ma mère, et pour elle, ça a été dur, très dur. Car pour les autres, ils sont venus me voir en cours de route, tous les deux ans, voire tous les ans pour ma sœur. Quant à ma mère, elle n’aime pas voyager, je ne l’ai vu qu’une fois en 10 ans ! C’était en 2013, soit 7 ans après le départ ! C’est difficile d’expliquer aux proches et aux autres aussi d’ailleurs, cet égoïsme qui nous fait maintenir le cap, pourtant sans lui, je n’aurais pas pu réaliser une telle aventure. Mais ils me sentaient heureux, alors ils acceptaient.
6° Tu as souvent dit que tu enchainais les petits boulots pour continuer de voyager. Quelles ont été les meilleures et pires expériences de ces jobs aux 4 coins du monde ?
« Enchaîner » est un bien grand mot, mais oui, je travaillais sur la route. Car malheureusement, je ne suis ni retraité, ni riche ! Alors il faut bien trouver des solutions, en 10 ans j’ai travaillé moins de 3 mois par an (en moyenne), c’est quand même acceptable. Juste une précision, je n’aime pas travailler en voyageant. Beaucoup de voyageurs “long terme” le font, que ça soit sur le net, ou en vendant des trucs dans la rue, moi je déteste ça. Pour moi le voyage est exclusif, il prend tout le temps, on doit s’y concentrer 24h/24, c’est comme cela qu’il nous fait dépasser nos limites. Toutes mes périodes job mettaient donc, le voyage sur « pause ».
Ceci étant dit, pour répondre à ta question, je pense que les pires ont été les boulots avec de mauvais patrons. Ceux qui essayent de vous entuber, de ne pas vous payer, ou vous sous-payer. Ceux qui vous mentent sans vergogne. Bref, je pense que le côté humain y est pour beaucoup dans mes mauvaises expériences, mais elles sont largement minoritaires. En ce qui concerne les bonnes expériences, j’ai beaucoup aimé travailler sur les bateaux en Australie. Ancrés au milieu de nulle part, on devait nettoyer des lignes d’huîtres à perle, cela prenait 5h par jour, le reste n’était que fun et découvertes. J’ai aussi beaucoup aimé être cuisinier dans un camp dans le Nord du Canada (toujours au milieu de nulle part, mais dans le froid) beaucoup de responsabilités, 600 personnes comptaient sur moi pour le petit-déjeuner ET déjeuner. Beaucoup de stress au début, mais quelle récompense chaque jour de pouvoir dire « je l’ai fait ! » . Et bien-sûr, l’expérience extraordinaire qu’a été de faire du Saké dans une brasserie traditionnelle (moi qui ne boit pas d’alcool…) au milieu des montagnes enneigées du Japon. Un des meilleurs moments de ce voyage.
7° Allez, comme beaucoup je suis tentée de te demander, quels sont les pays qui t’ont le plus marqué ?
« Marqué » me plait, c’est un bien meilleur terme que ‘préféré’ ou ‘favori’. L’Inde, c’est le pays qui m’a mis la plus grosse claque, bien comme il faut, une bonne à travers la tronche ! Le Japon également, mais pour différentes raisons…C’est un pays que j’aimais avant même d’y mettre les pieds. La Namibie et le Botswana ont aussi été très marquants.
8° En 10 ans, tu as dû avoir ton lot de galère. Quel a été le pire souvenir ou le moment le plus difficile ?
Ben en fait, pas vraiment… Et puis chaque ‘galère’ comme tu dis, m’a amené sur une autre aventure, elles sont mes meilleurs souvenirs, mes sucreries de voyage. En ce qui me concerne, le pire est toujours venu de la nature, les tempêtes, les pluies diluviennes, les froids intenses, les tremblements de terre, les typhons, etc. Surtout quand cela se passe au milieu d’un trekking, ou quand on dort sous sa tente…
9° Comment te sens-tu maintenant que tu es rentré ? Des projets, un nouveau départ ?
Toujours en voyage, la France a beaucoup changé en 10 ans. Il faut un temps d’adaptation pour s’acclimater, donc pour l’instant, en tous cas dans ma tête, je ne suis pas vraiment rentré et quelque part, je ne suis pas sûr de pouvoir rentrer un jour…Des projets ? Oui ! Une tonne ! J’aimerai m’investir dans plusieurs domaines comme le veganisme, le sport et bien sûr le voyage. Autant, je voudrais créer quelque chose qui n’existe pas (encore) ici pour le premier, autant pour les deux autres, cela serait plus de la transmission, du partage. Distribuer ce que j’ai appris, ce que je sais, ce qui m’a aidé et qui pourrait aider d’autres voyageurs. Mais surtout inspirer, donner envie, ouvrir des portes, mettre de “bonnes graines dans les bonnes têtes”, bref, beaucoup de travail.
10° Si tu devais tirer une leçon de ce voyage extraordinaire, quelle serait elle ?
Seul le mental détermine les limites. Malheureusement, on nous fait un bon lavage de cerveau pour bien nous le faire oublier… Mais tout est possible, quel que soit votre « statut social », il suffit de le vouloir et de tout mettre en œuvre pour y accéder. Nous avons la chance d’être nés dans un pays libre et malgré ce que l’on veut nous faire croire, nous SOMMES LIBRES, alors il faut se servir de cette liberté et à 110% ! C’est ce voyage, qui m’a ouvert les yeux sur cette -presque- évidence !
11° Un petit conseil pour des futurs tourdumondistes ?
Oulaaa ! Je dirais… Oubliez vos peurs, laissez-vous absorber, ne résistez pas, ne jugez pas. N’oubliez pas que vous n’êtes qu’un invité. Respectez l’autre et surtout écoutez, échangez, partagez, ouvrez bien votre cœur et votre esprit, vous ne le regretterez pas.
12° Prochain voyage, valise ou sac à dos ?
Sac à dos, of course !!!
*** FIN ***
J’espère que cet interview vous a fait autant voyager que moi ! Que l’aventure de ce monsieur vous a conforté dans l’idée de partir, de voyager et de profiter de la vie tout simplement ! Si vous voulez en savoir plus sur Sandro, sur son aventure et sur sa nouvelle vie, je vous conseille vivement de suivre son blog Tete de Chat !
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