Tout a commencé un soir de Février. Alors que j’étais en train de regarder un énième reportage voyage. Ce soir-là, j’ai reçu un message de mon père qui me disait de regarder ce documentaire. Phénomène fusionnel ou simple hasard, je ne saurais l’expliquer mais à chaque fois c’est la même chose. On s’appelle, on pense et regarde les mêmes choses au même moment sans le savoir. Ce reportage, il était en train de le regarder lui aussi, en train de rêvasser une nouvelle fois, comme moi, devant ces paysages du Ladakh. Puis ce soir là, ma réponse a été celle ci :
« Il faut arrêter de rêver, il faut se bouger le cul »
Avec du recul, je me dis que c’était une réponse assez violente de ma part, moi qui pèse toujours mes mots afin de ne jamais froisser personne. Mais cette réponse aura eu, à ma grande surprise, le pouvoir de provoquer un électrochoc dans le cœur de mon papa.
Pas plus tard que le lendemain, nous avons échangé autour de ces mots et de ce reportage, puis tout est allé très vite. J’ai senti dans sa voix qu’il était décidé, qu’il avait envie de se lancer et de partir à l’aventure. Avec moi, avec nous qui avions prévu de passer la fin d’année au Népal. En fait, il s’est passé moins d’un mois entre la diffusion de ce reportage, ce message et l’achat des billets d’avion. Au début, il n’arrivait pas à y croire, lui qui avait toujours rêvé de faire ce voyage. Puis finalement on est partis, on s’est envolés le 1er Octobre pour 15 jours d’aventure.
En réalité, tout a commencé bien plus tôt que ce soir-là. Cette passion du voyage qui m’anime et cette soif de découvrir le monde, je la dois à mes parents, à ma maman qui m’a fait quitter l’hexagone à de nombreuses reprises et à l’éducation que j’ai reçu. Ils m’ont offert la liberté. Pendant des années, l’extase de mon papa devant tout et n’importe quoi, nous a bien fait rire, ma mère, ma sœur, ma belle-mère et moi mais on ne peut le cacher, au fond de nous, on est un peu comme lui désormais. C’est certain, il a influencé celle que je suis devenue aujourd’hui. Sensible aux détails, amoureuse de la vie et des plaisirs simples du quotidien.
Alors oui, je suis une hypersensible qui agit avec son cœur et qui n’arrivera jamais à penser stratégie, carrière et encore moins profit. J’avoue aussi que cette approche de la vie me joue des tours, qu’elle n’est pas facile à vivre mais soit, je suis comme ça. Je n’ai jamais été cette adolescente qui, par honte ou gêne, demande à ses parents de la déposer loin de l’entrée du collège. Ado, je n’ai jamais été en conflit, ni adulte d’ailleurs. Les disputes, je n’aime pas ça, elles me détruisent de l’intérieur. Je ne sais pas si ce sont quelques évènements de ma vie qui m’ont forgé ainsi mais dans mon cœur et mon esprit, je garde toujours à l’idée que tout peut s’arrêter du jour au lendemain. Alors je profite de chaque seconde, de chaque instant.
Ce voyage avec mon papa ce n’était pas le premier mais le premier depuis que je ne suis plus une enfant. C’était génial de partager ces 15 jours avec lui. Lui qui m’a appris à nager dans le courant, lui qui m’a regardé grandir. Génial de partager ce qu’est notre vie aujourd’hui. Inattendu de lui faire découvrir ce pays que j’aime tant. Je suis fière d’avoir pu être l’élément déclencheur de ce voyage, de cette aventure qui ne ressemble à aucune autre. Fière qu’il ait pu réaliser ce rêve à mes côtés. Pendant ces 15 jours, on a beaucoup rigolé, on s’est serrés très fort après l’ascension du sommet de Khopra, on s’est échangé nos smectas…Il a voulu plus d’une fois porter mes affaires pour me soulager, il m’a protégée des sangsues qui voulaient ma peau. Il a aussi construit un bâton de marche en bambou pour Benoît qui avait cassé le sien et forcément on a pleuré au moment de se dire au revoir. Mais je suis tellement heureuse d’avoir pu construire ces souvenirs qui resteront toute ma vie dans ma tête et dans mon cœur.
La vie est trop courte pour ne pas oser se dire les choses. J’en suis persuadée, la pudeur et la fierté ne devraient pas faire partie de nos relations humaines. La société aujourd’hui est ainsi faite, nous ne prenons plus le temps de nous dire les choses, repoussant sans cesse les appels en pensant que l’on aura tout le temps. Mais ce n’est pas vrai. Alors, profitons de chaque instant, profitons de la vie pour accumuler des souvenirs et dire à nos parents et aux gens qui nous sont chers que nous les aimons très très fort ! Et si vous avez la chance d’avoir des parents curieux, embarquez les au moins une fois dans votre valise, vous ne regretterez pas, promis !
Peace, Love & Cheese Naan